Les "cigarettes électroniques" suscitent l'attention

Avec son mince corps blanc et son embout ambre, elle ressemble à une vraie cigarette. Elle n'émet pas de fumée, mais une vapeur blanche chargée de nicotine, absorbée par les poumons.

La Ruyan V8 est une de ces "cigarettes électroniques" qui suscitent l'attention en Chine et sur Internet -mais aussi le scepticisme de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) selon laquelle il ne s'agit pas d'un moyen de sevrage tabagique sûr et efficace.

Inventée en 2004 par Ruyan, un groupe spécialisé notamment selon son site Internet dans le "développement de biens de consommation bioélectroniques" et "biopharmaceutiques", la cigarette électronique se présente sous la forme d'un tube métallique blanc. Une petite diode rouge alimentée par une pile simule la braise incandescente.

Ces cigarettes -mais aussi pipes ou cigares- électroniques contiennent des cartouches contenant de la nicotine liquide et du propylène glycol. Ruyan a breveté un système d'atomiseur électronique, propulsant le mélange sous forme d'une fine vapeur blanche inhalée par l'utilisateur, ressemblant à la fumée d'une cigarette. Ruyan, qui affirme avoir été copié par des fabricants chinois et étrangers et a intenté des procès, présente ses "E-Cigarette" comme une alternative plus sûre aux vraies ainsi qu'un moyen de sevrage.

Ces produits sont essentiellement vendus sur Internet, pour des tarifs s'échelonnant entre 60 et 240 dollars (entre 47,3 et 189,3 euros). Ces prix comprennent un chargeur de batterie et des cartouches aux saveurs diverses (fruitées, mentholées) et taux de nicotine variables: de zéro à 16 milligrammes, plus qu'une cigarette normale. Sans la fumée, les goudrons et substances cancérigènes, fait valoir le fabricant.

David Sweanor, professeur de droit à l'Université d'Ottawa et ancien conseiller juridique de l'Association pour les droits des non-fumeurs au Canada, juge positivement ce type de produits. "Chaque fois que vous faites entrer de la fumée dans les poumons, vous vous infligez de gros dégâts. La nicotine présente certains risques légers, mais ils sont mineurs comparés à ceux de la fumée des cigarettes", explique-t-il.

L'Organisation mondiale de la santé, qui a lancé une initiative pour un monde sans tabac, se montre beaucoup plus réservée. L'OMS a jugé "très inquiétant" en septembre dernier que certains fabricants de ces cigarettes à travers le monde aient fait figurer le nom et le logo de l'OMS, pour faire croire que l'organisation cautionne ces produits. Ce n'est absolument pas le cas, insiste l'agence onusienne.

Aucun test pharmacologique n'a été effectué jusqu'à présent pour déterminer les effets de l'inhalation de ce type de cigarettes, a déclaré cette semaine Timothy O'Leary, porte-parole de l'initiative pour un monde sans tabac.

"Il n'y a pas suffisamment de preuves que ce sont des produits sûrs pour la consommation humaine" et la question est d'autant plus préoccupante qu'il est facile de se les procurer grâce à Internet, a-t-il souligné. AP

Source : Nouvelobs.com